Rémunération des grands patrons : un rebond en 2021 grâce au bonus climat
La rémunération des grands patrons (CAC 40) devraient connaitre un rebond en 2021 pour atteindre en moyenne 5,3 millions d’euros. C’est 1,5 million d’euros de plus qu’en 2020, année au cours de laquelle les dirigeants avaient consenti des efforts sur leurs salaires. Cette nouvelle hausse provient en partie d’un bonus lié à leur stratégie climat.
En 2020, les dirigeants d’entreprises du CAC 40 avaient renoncé à leur intéressement ou accepté des baisses de salaire pour marquer leur solidarité avec leurs employés, dans un contexte de crise sanitaire difficile. Leurs rémunérations avaient alors reculé de 21 % à 3,8 millions d’euros. Cette année, ils ne réitéreront pas ces efforts. En effet, les grands patrons pourraient percevoir 5,4 millions d’euros en moyenne en 2021, soit 1,6 million de plus que l’an dernier et 500 000 euros de plus qu’en 2019 (4,8 millions). C’est ce qu’indique une étude publiée début août par l’Hebdo des AG et le cabinet d’avocats Avanty. « Le rebond des rémunérations traduit la reprise économique », a expliqué Bénédicter Heutefort, la fondatrice de l’Hebdo des AG.
Intégration de critères extra-financiers
Les salaires évoqués ici correspondent aux enveloppes « cibles » votées entre avril et juin lors des assemblées générales des actionnaires. Ils prennent généralement en compte trois indicateurs, à savoir un salaire fixe, une rémunération variable et un dispositif d’intéressement à long terme. Mais en 2021, il y a eu un grand changement qui a conduit à insérer des critères extra-financiers. Parmi ceux-ci figurent la réduction des émissions de gaz à effets de serre. « Les indicateurs sur le climat ont fait leur apparition dans les politiques de rémunération des dirigeants en 2015, chez LVMH, Veolia ou Bouygues », souligne Bénédicte Hautefort.
Une pression de toutes parts
Selon la responsable, le constat récent du Giec a donné un nouveau coup d’accélérateur à cette prise de conscience des grands patrons. Les salariés, l’opinion publique, les responsables politiques, les actionnaires ou encore les investisseurs leur ont également mis de la pression. Parallèlement, les entreprises ont mis en place des bonus liés au stratégie climat. Ainsi, les dirigeants les plus réticents ont dû franchir le pas. Aujourd’hui, 67 % des patrons du CAC 40 ont un bonus dépendant de ce critère. Aussi, en 2021, il y a eu la généralisation des primes exceptionnelles plafonnées qui visent à gérer des situations imprévues comme celle de l’an dernier.
Qu’en sera-t-il en 2022 ?
Cette année, un autre critère a également beaucoup pesé : la féminisation des instances de décisions des organisations. Certains patrons auraient ainsi eu un bonus pour avoir réduit les inégalités salariales hommes-femmes ou pour avoir lutté en faveur de la parité dans les directoires et comités. Un quart d’entre eux l’auraient fait.
Pour 2022, le rebond des rémunérations sera indexé à la campagne présidentielle en France et de l’effectivité ou non de la reprise économique. Celle-ci dépendra de l’évolution de la crise sanitaire, qui ne prendra visiblement pas fin avant plusieurs mois. Mais la situation devrait se stabiliser avec une vaccination massive de la population.