Afrique : bientôt des « Informal Bonds » pour le secteur informel et les TPE
Un groupe de travail, notamment composé d’institutions internationales et de banques, planche depuis plusieurs mois sur la mise en place de produits obligataires spécifiquement destinés au secteur informel et aux TPE africains, d’après le magazine Financialafrik. Ces « Informal Bonds » visent à offrir des opportunités de financements formels et de meilleures conditions à des activités qui peuvent représenter jusqu’à 65% du PIB d’un Etat en Afrique.
Un secteur vital pour les économies africaines
Selon un rapport du Fonds Monétaire International publié en 2017, le secteur informel et les TPE (Très Petites Entreprises) représentent entre 20 à 65% du PIB (Produit Intérieur Brut) des pays africains et 85% des emplois sur le continent. Ces activités constituent aussi un matelas de survie pour de nombreux africains confrontés au chômage endémique et à de faibles salaires. Pourtant, elles ne bénéficient pas de mécanismes de financements à la hauteur de leur importance. Aujourd’hui encore, la part prépondérante de ces fonds pourvus par les institutions bancaires et des capital-Investisseurs revient aux grands groupes (agro-alimentaire, énergie, nouvelles technologies, etc.) et aux PME (Petites et Moyennes Entreprises).
Il y a des microfinances pour les petits business, mais elles impliquent trop souvent des dérives avec leurs taux usuriers. Notons en outre l’existe de systèmes de financement parallèles qui appliquent des taux d’intérêts abusifs. D’où la nécessité de définir un mécanisme de financement alternatif, adapté à cette catégorie d’acteurs économiques. C’est pourquoi un groupe de travail planche depuis plusieurs mois sur la création d’un mécanisme de financement spécifiquement destiné aux activités du secteur informel et aux TPE.
Trois parties prenantes
Baptisé « Informal Bonds », ce système consiste en une émission de produits obligataires pour des domaines comme l’agriculture et le transport urbain. Il est garanti par l’’Etat (50%), les institutions de financement internationales (20%) et les bénéficiaires de l’informel (30%). Les deux premières parties ont la charge de sélectionner une microfinance crédible pour jouer le rôle d’émetteur. Cette structure devra choisir les groupements et coopératives devant bénéficier des prêts. Ce, sur la base de leur probité et de leur bonne gouvernance opérationnelle et financière.
Possibilité d’intégrer des FCTC au projet
Pour des raisons de sécurité et de transparence, les flux financiers (remboursements et prêts) ne transiteront pas par ces groupements et coopératives. Ils s’effectueront directement de la microfinance vers les emprunteurs et vice-versa. Afin d’avoir des tailles d’émissions plus importantes (multi-pays) et attirer de grands investisseurs, le groupe de travail mène aussi une réflexion sur l’intégration de FCTC (Fonds Commun de Titrisation de Créances). Ces émetteurs signeront des contrats avec les microfinances sélectionnées dans les différents pays concernés. La Côte d’Ivoire, le Sénégal et le Cameroun ont déjà manifesté leur souhait de participer à la réalisation d’opérations pilotes au premier semestre 2022.
Un conseil consultatif pour apporter une vision stratégique
Notons que le groupe de travail comprend des responsables d’Afreximbank, de la Commission Economique des Nations Unis pour l’Afrique, de la BOAD, de la BRVM et du PNUD. Son animation revient à Fabrice Kom Tchuente de FinAfrique, le cabinet de conseil à l’origine de ce concept d’Informal Bonds. Outre le groupe de travail, il y a un conseil consultatif qui aura pour mission d’apporter une vision stratégique tout au long du projet. Modéré par Franck Adjagba, directeur des opérations de l’African Guarantee Fund, il est notamment constitué de Jean Kacou Diagou (président-fondateur du Groupe NSIA), d’Alex Holmes (président directeur général de MoneyGram) et de Diane Karusisi (directrice générale de Bank Of Kigali).