Pourquoi Bolloré voudrait quitter l’Afrique ?
L’industriel français songerait à céder sa branche logistique et transportuaire sur le continent à des repreneurs éventuels. Comment expliquer cette volonté présumée de vouloir renoncer à sa poule aux œufs d’or ?
L’information barre la Une du Monde, le journal du soir français, dans son édition du samedi 16 octobre. « Vincent Bolloré veut vendre ses activités en Afrique ». Le quotidien qui cite des sources concordantes indique que l’industriel breton a même déjà mandaté la banque d’affaires américaine Morgan Stanley aux fins de lui trouver des repreneurs. Mais nul ne sait, précise Le Monde, si cette opération irait à son terme. D’autant que ce n’est pas la première fois que le microcosme politico-économique français bruisse des rumeurs d’un départ de Bolloré du continent africain.
L’intéressé même l’avait ouvertement envisagé en avril 2018 à travers une tribune au Journal du dimanche, dans la foulée de sa mise en examen pour « corruption d’agent public étranger », « complicité d’abus de confiance » entre autres pour le rôle de sa filiale Havas, dans l’attribution des contrats d’exploitation des ports de Lomé au Togo et de Conakry en Guinée à Bolloré Africa Logistics, une autre de ses firmes, en 2010. Si le volet guinéen de l’affaire a été abandonné pour raison de prescription, l’homme d’affaires français reste en attente d’un procès au Togo après avoir plaidé coupable.
Image abîmée et recentrage
Justement, cette affaire pourrait expliquer le souhait de Bolloré de vouloir rompre les amarres avec l’Afrique, un continent qui lui a tout de même généré plus de deux milliards d’euros de chiffre d’affaires l’année écoulée grâce à sa présence dans une quarantaine de pays essentiellement francophones à travers la gestion des ports et des investissements dans les routes, selon Le Monde. Le journal indique que la culpabilité de Bolloré ne serait pas vue d’un bon œil par les banques.
L’autre raison évoquée par les confrères français concerne le nerf de la guerre. Longtemps maître en Afrique notamment grâce à son entregent dans les lambris dorés des palais présidentiels, Vincent Bolloré est désormais à l’étroit sur le continent. En cause, une concurrence de plus en plus affirmée dans les domaines maritimes et portuaires, portée à la fois par des acteurs aux capitaux illimités tels que DP World ou encore Chine Merchants Groups (CMG), et un certain désir d’émancipation du capitalisme français chez les pouvoirs africains. La perte fin 2019 par Bolloré Africa Logistics de la gestion du port de Douala au Cameroun en est une illustration.
De quoi convaincre l’industriel français de recentrer ses affaires dans la communication où il reste un géant grâce à Vivendi ?