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Tunisie : quatre banques rétrogradent dans les fiches de Moody’s

Sousse, Tunisie
Ph: Unsplash

L’agence de notation financière Moody’s a abaissé cette semaine la note des dépôts bancaires de quatre banques tunisiennes, de B3 à Caa1. Quelques jours auparavant, elle avaitdécroché la note souveraine de la Tunisie de B 3 à Caa1 avec une perspective négative sur le long terme.

Un environnement opérationnel de plus en plus difficile

L’agence de notation financière Moody’s a abaissé jeudi 21 octobre la note des dépôts bancaires à long terme de quatre banques tunisiennes, de B3 à Caa1. Il s’agit des établissements Amen Bank (Amen), Arab Tunisian Bank (ATB), Banque de Tunisie (BdT) et Banque Internationale Arabe de Tunisie (BIAT). L’institution financière a également abaissé les évaluations de crédit de base de la BIAT et de la BT de B3 à Caa1 et celles d’Amen Bank et de l’ATB de Caa1 à Caa2. En outre, elle confirmé la note de dépôts de Caa1 à long terme de la Société tunisienne de banque (STB). Par ailleurs, Moody’s a fait savoir que la perspective sur toutes les notes des banques reste négative.

« Ces actions de notation sont principalement dues à l’environnement opérationnel de plus en plus difficile pour les banques en Tunisie », explique l’agence. Toutefois, Moody’s précise qu’elle « n’a pas de préoccupation particulière en matière de gouvernance pour les banques tunisiennes notées ». Quoiqu’elle « estime que leurs risques d’actifs relativement élevés reflètent la culture de gouvernance des risques des banques inférieure aux normes, en particulier pour les banques publiques ».

Le reflet d’un affaiblissement de la gouvernance

Ces évaluations interviennent alors que Moody’s a abaissé le 14 octobre dernier la note souveraine de la Tunisie de B 3 à Caa1 avec une perspective négative sur le long terme. Dans un communiqué publié ce même jour, la structure explique que ce déclassement souligne « l’affaiblissement de la gouvernance et une incertitude accrue quant à la capacité du gouvernement à mettre en œuvre des mesures à même de faciliter l’accès aux financements nécessaires pour répondre aux besoins de financement élevés, au titre des prochaines années ».

Des réformes nécessaires pour rééquilibrer les finances publiques

Moody’s pense qu’il existe le risque qu’une forte pression de liquidité conduise à un défaut, si un financement important n’est pas assuré. Heureusement, « ce risque est en partie atténué par l’accumulation passée du volant de réserves de change qui fournit un certain soutien aux futurs paiements du service de la dette extérieure à court terme », note-t-elle. Cependant, elle invite à opérer des réformes « afin de rééquilibrer les finances publiques de la Tunisie et assurer la viabilité de la dette au milieu de prévisions de croissance faible ».

Si ce n’est pas fait, Moody’s s’attend à l’apparition d’un environnement opérationnel difficile caractérisé par une faible croissance économique, des pressions inflationnistes, un faible investissement privé et des réformes structurelles retardées. Ces facteurs devraient avoir un impact sur la durabilité de la croissance du crédit et sur la rentabilité des banques. Dans le même temps, le financement et la liquidité resteraient limités. Evidemment, une telle situation exposerait davantage les banques tunisiennes, directement et indirectement.