Cigarettes : vers une nouvelle hausse du prix du paquet

Après la hausse de 20 à 90 centimes en mai dernier, le paquet de cigarettes pourrait enregistrer une nouvelle augmentation de 1 euros dès 2024. Le gouvernement étudierait cette piste pour réduire drastiquement la consommation ainsi que le coût de l’Assurance maladie.

Il y a quelques semaines, le gouvernement a annoncé son intention d’augmenter à nouveau le prix du paquet de cigarettes après la hausse de 20 à 90 centimes en mai dernier. Son porte-parole, Olivier Véran, a confirmé cette volonté le lundi 28 août, sur RMC-BFMTV. Il a déclaré que cela fait partie des pistes à l’étude pour avoir un impact sur la consommation française, l’une des plus importantes d’Europe. En Hexagone, Santé publique France compte 15 millions de fumeurs, dont 12 millions de fumeurs quotidien.

Pour une question d’équilibre budgétaire et de santé publique

Olivier Véran a indiqué que le prix du paquet de cigarettes devrait passer de 11 à 12 euros dès 2024, soit une hausse franche de 1 euro. Cette augmentation pourrait même mener à un paquet à 13 euros d’ici à 2027. Par ailleurs, selon l’ancien ministre de la santé, l’Etat réfléchirait à indexer les prix du tabac sur l’inflation. Il aurait placé ce sujet au cœur des discussions sur le prochain budget.

Si l’exécutif veut taper sur le tabac, c’est pour une question de santé publique, mais également d’équilibre budgétaire. En effet, le tabac tue chaque année 66.000 Français et coûte entre 20 et 26 milliards à l’Assurance maladie. Ces dépenses dépassent largement les recettes de taxation des paquets de cigarettes. Et cela même en tenant compte des économies de pensions de retraite générées par les décès prématurés des fumeurs. Ce déséquilibre pourrait s’accentuer à cause de la contrefaçon qui réduit les gains liés à la taxation.

Les médecins favorables à des hausses régulières de prix

Les spécialistes de santé publique sont d’avis avec le gouvernement qu’il faut augmenter le prix du tabac et de la cigarette pour avoir un impact sur la consommation. Yves Martinet, pneumologue au CHU de Nancy (Meurthe-et-Moselle) et président du Comité national contre le tabagisme (CNCT), pense notamment que les pouvoirs publics doivent appliquer des hausses régulières de prix pour faire baisser durablement le nombre de fumeurs en France.

Selon une étude, la consommation de cigarettes diminue d’environ 4 % lorsque le prix d’un paquet augmente de 10 centimes. Yves Martinet relève que des mesures gouvernementales précédentes ont donné des résultats satisfaits. Notamment le plan cancer initié en 2003 par Jacques Chirac qui a poussé environ un million et demi de personnes à cesser de fumer. Le professeur lorrain note également la hausse du prix portée par Emmanuel Macron depuis six ans.

Un moindre recul du nombre de buralistes

Le président de la République avait promis, lors de la campagne présidentielle de 2017, d’augmenter progressivement le prix du paquet de cigarettes pour diminuer le nombre de fumeurs en France. Dès la première année de son premier quinquennat, le tarif est passé de sept à dix euros. Et il y a eu une baisse effective du nombre de fumeurs.

Toutefois, le tabagisme reste la première cause de mortalité évitable en France avec plus de 75 000 décès par an, selon Santé publique France. Par ailleurs, le nombre de buralistes ne recule pas véritablement. En effet, on compte aujourd’hui 23 300 buralistes en France, contre  24 500 en 2019. Côté volumes, on note une baisse des ventes de -12,9 % en quatre ans. Au niveau de la valeur, en revanche, il y a eu une progression de + 3,8 % en raison des hausses de prix.