La Banque centrale irakienne veut restreindre l’accès au dollar en espèces
La principale institution bancaire du pays prévoit d’interdire les retraits d’espèces en monnaie américaine d’ici l’année prochaine. Le but reste de limiter l’implication des réserves irakiennes en devises fortes dans les délits.
Les Irakiens ont encore quelques mois pour espérer toucher du doigt le dollar américain. Du moins à travers le circuit officiel. Selon l’agence Reuters, la Banque centrale du pays (CBI) va interdire l’accès à cette monnaie à compter du 1er janvier 2024.
Concrètement, cela suggère que les dépôts en dollars au cours des prochains mois auprès des banques pourront les retirer dans cette devise au-delà de l’échéance annoncée. Mais les dépôts effectués après cette période ne pourront être rendus qu’en monnaie locale.
Autrement dit, le dinar irakien, à un taux officiel de 1 320 contre 1 560 sur le marché parallèle. Soit 15% de moins. De quoi susciter un certain attrait pour les usagers désireux de renforcer leur pouvoir d’achat en monnaie locale.
Utilisation détournée
Hélas, cela n’est pas toujours l’objectif de la course aux devises étrangères en Irak, un pays au système financier affecté par des années de guerre. De nombreux usagers utilisent le dollar en l’occurrence pour divers délits financiers et autres crimes, comme ce fut le cas sous régime Saddam Hussein.
Mazen Ahmed, directeur général des investissements et des envois de fonds à la CBI indique par ailleurs à Reuters que les retraits de dollars en espèces sont également utilisés par les voyageurs afin de contourner la limite des 3 000 dollars destinée à contrôler les flux de devises étrangères dans le pays et ainsi limiter les fuites de capitaux.
Ce sont autant de raisons qui ont convaincu les autorités irakiennes de la nécessité d’une plus forte restriction de l’accès au dollar, dont celle présentement annoncée n’est que la dernière.
Mesure décriée
Cela participe également d’un projet plus large de dédollarisation du pays afin de promouvoir entre autres ses réserves en devises étrangères estimées à 120 milliards de dollars et détenues à la Réserve fédérale américaine.
« Vous souhaitez transférer ? D’accord. Vous voulez une carte en dollars ? Bien sûr. Ou si vous souhaitez retirer de l’argent, vous pouvez le faire au taux officiel en dinars. Mais ne me parler de dollars en liquide« , a averti Mazen Ahmed toujours dans les colonnes de Reuters.
Il reste à voir ce qu’en dira la population. Des incidents ayant été signalés dans la semaine, montant des usagers déterminés à toucher leur argent en espèces.