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Nouvelle-Calédonie : après les émeutes, un lourd bilan économique

Photo de Alex McCarthy sur Unsplash

Selon la Chambre de commerce et d’industrie (CCI) de Nouvelle-Calédonie, les récentes émeutes sur l’île du Pacifique ont causé la perte de plus de 5.000 emplois directs et la fermeture de dizaines d’entreprises. Par ailleurs, jusqu’à 15.000 personnes vont devoir être déclarés au chômage partiel. La situation économique du Caillou risque ainsi de se détériorer davantage.

Les violences qui ont touché la Nouvelle-Calédonie mi-mai, en réaction à l’adoption d’une réforme controversée sur le corps électoral, ont provoqué la destruction de plusieurs biens publics et privés. Parmi lesquels de nombreux commerces et entreprises. Plus de deux semaines après ces incidents, c’est l’heure du bilan.

Plus de 5.000 emplois directs perdus à la suite des violences

Selon la Chambre de commerce et d’industrie (CCI) de Nouvelle-Calédonie, les émeutes ont causé la perte de plus de 5.000 emplois directs. Le chiffre monte à plus de 7.000 en prenant en compte les emplois indirects. Par ailleurs, au moins 15.000 personnes (près 25 % de l’ensemble de l’emploi salarié) seraient touchées par le chômage partiel. Ce dispositif permet aux salariés de toucher une indemnisation de compensation, en cas de suspension des activités de leur entreprise.

150 entreprises détruites lors des émeutes en Nouvelle-Calédonie

David Guyenne, président de la CCI de Nouvelle-Calédonie, a indiqué qu’il faudra mettre en place des mesures et mécanismes similaires à ceux déployés lors du Covid-19, quand le gouvernement avait eu largement recours au chômage partiel. Depuis le début des manifestations violentes, 150 entreprises ont été détruites. Les leaders de la distribution locale sont les plus touchés.

Les entreprises qui ont ouvert, tournent au ralenti

Si le calme n’est pas encore totalement revenu sur le territoire ultramarin, l’activité économique redémarre progressivement, et heureusement. Dans le centre-ville de Nouméa, plusieurs commerces ont déjà rouvert. Mais ils tournent au ralenti et devraient perdre près d’un quart de leur chiffre d’affaires habituel. En raison du sentiment d’insécurité, certaines entreprises préfèrent attendent avant de rouvrir. D’autres, en revanche, sont contraintes de laisser les portes fermées. Leurs employés n’étant toujours pas revenus, après avoir fui les violences.

La population autochtone canaque a peur de devenir minoritaire

Les émeutes de mi-mai ont concerné principalement l’agglomération de Nouméa. Elles ont causé la mort de sept personnes, dont deux gendarmes, et fait d’énormes dégâts estimés à plus d’un milliard d’euros. Ces violences ont été déclenchées par de jeunes Kanaks, peuple autochtone de Nouvelle-Calédonie. Ces jeunes s’opposent à une réforme constitutionnelle élargissant le corps électoral aux nouveaux résidants Français venus de métropole. Ils craignent que leur peuple ne devienne minoritaire au niveau politique.

De fortes inégalités sociales et économiques en Nouvelle-Calédonie

Au-delà du motif politique, ces émeutes cachent des inégalités sociales et économiques. En effet, un Calédonien sur cinq (51.000) vit sous le seuil de pauvreté, et plus d’un quart des jeunes se trouvent au chômage. La faute à une économie en berne depuis quelques années, à cause de la crise que traverse le secteur du nickel, principal employeur local. Cette filière fait face à la flambée des coûts de l’énergie, à l’effondrement des cours du minerai et à la forte concurrence de l’Indonésie.