Telegram : le monde de la crypto soutient Pavel Durov
Pavel Durov, fondateur de l’application Telegram et créateur de Toncoin (TON), a été arrêté samedi par les autorités françaises sur le tarmac de l’aéroport du Bourget. Le dirigeant franco-russe est accusé de douze infractions relevant de la criminalité organisée. Depuis son interpellation, la communauté crypto et plus largement tech dénonce une atteinte à la liberté d’expression. Elon Musk a lancé le hashtag «#FreePavel» («#LibérezPavel») pour fédérer les protestations.
Pavel Durov, fondateur de l’application Telegram, a été arrêté samedi soir par les autorités françaises sur le tarmac de l’aéroport du Bourget. Le dirigeant franco-russe de 39 ans est accusé de complicité dans divers crimes en raison du manque de modération sur sa messagerie cryptée. Parmi les infractions figurent : trafic de drogue, blanchiment d’argent, pédocriminalité, fraude et terrorisme. Sa garde à vue en France est prolongée jusqu’à ce mercredi.
Pavel Durov, premier grand patron du numérique arrêté
A la suite de l’arrestation de Pavel Durov, le Toncoin (TON), la cryptomonnaie de Telegram Open Network (TON), a chuté près de 18% depuis samedi soir. Lundi, il se négociait à 5,57 dollars vers 16h15, contre 6,8 dollars deux jours plus tôt. C’est la première fois qu’un patron d’un grand réseau social est interpellé pour les contenus de sa plateforme. Ce fossé franchi suscite la réaction effarouchée du monde de la cryptomonnaie et plus largement de la tech.
Pavel Durov et Elon Musk, deux libertariens
Plusieurs patrons de ce secteur ont dénoncé une violation de la liberté d’expression, notamment Elon Musk. Au lendemain de l’arrestation du Franco-russe, le PDG de Twitter a lancé le hashtag «#FreePavel» («#LibérezPavel») pour demander la libération du « Mark Zuckerberg russe ». Le fondateur de Tesla et celui de Telegram partagent une vision libertarienne du web, avec la liberté qui doit passer devant tout contrôle étatique. C’est d’ailleurs au nom de ce principe que Pavel Durov a quitté sa Russie natale en 2014 pour la France, pays dont il prendra la nationalité.
La France dans les pas de la Russie
À l’époque, Moscou exigeait de lui qu’il remette les données personnelles de sa plateforme VKontakte, notamment des informations liées aux leaders des manifestations pro-européennes en Ukraine, lors de la révolution de Maïdan. Le jeune dirigeant refuse catégoriquement, vend son appli et s’exile en Hexagone où il croyait se mettre à l’abri de telles manœuvres. Hélas. De nombreux défenseurs des droits humains, des activistes ou encore des opposants, qui pouvaient discuter en toute discrétion et sécurité sur Telegram, déplorent l’autoritarisme de la France et du gouvernement d’Emmanuel Macron.
Telegram, nid des criminels de tout genre et refuge des défenseurs des droits humains
Mais le gouvernement français, lui, dit vouloir réguler les activités criminelles qui prospèrent sur cette messagerie chiffrée, en raison de l’absence de modération et de sa confidentialité. Il affirme qu’il s’agit aussi d’un nid des mafieux, dealers, terroristes et trafiquants de tout acabit. Les prétextes sont donc trouvés pour contrôler l’un des rares médias sociaux encore vraiment libres. Edward Snowden, qui a dû fuir les Etats Unis pour la Russie pour avoir divulgué des informations confidentielles de la NSA, a également critiqué la méthode de Paris.
Une « prise d’otage des libertés numériques » pour Edward Snowden
Pour l’informaticien américain, l’arrestation de Durov constitue une « prise d’otage des libertés numériques. ». Il dit être « surpris et profondément attristé que Macron se soit abaissé au point de prendre des otages pour accéder à des communications privées ». Il estime que « cela rabaisse non seulement la France, mais aussi le monde entier. ». Vitalik Buterin, co-fondateur crypto d’Ethereum, a lui exprimé ses préoccupations concernant les implications de cette arrestation pour la liberté des communications et des logiciels en Europe.
Après Pavel Durov, à qui le tour ?
De son côté, Justin Sun, fondateur de TRON, a appelé à la création d’une organisation autonome décentralisée (DAO) pour la défense juridique de Durov. Il a promis verser 1 million $ pour soutenir cette initiative et a appelé la communauté crypto à s’unir sous le hashtag #FreePavel. Cette mobilisation des patrons de la tech autour du boss de Telegram témoigne de la solidarité de ce secteur, surveillé comme du lait sur le feu par les régulateurs. L’union s’impose d’autant que chacun pourrait devenir le prochain sur la liste.