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La douloureuse mutation des banques américaines

De récentes données mettent en lumière, la révolution silencieuse en marche dans l’industrie bancaire outre-Atlantique, avec notamment la dématérialisation progressive des tâches et donc un moindre besoin d’embauches.

Vers des banques sans les banquiers ? La question n’en est que plus opportune au regard de la transformation en cours dans le secteur, particulièrement aux États-Unis.

Alors que l’économie américaine a globalement créé près de 8% d’emplois supplémentaires au cours des 15 dernières années, le nombre de postes dans le domaine bancaire est resté quant à lui stable, autour de 1,37 million, selon Mike Mayo, directeur et responsable de la recherche sur les grandes banques américaines chez Wells Fargo Securities, cité par le magazine Fortune.

Les mêmes chiffres révèlent pourtant une augmentation de la contribution de chaque banquier aux revenus de sa structure, soit à plus de 98 000 dollars sur la même période. Autrement dit, les banques parviennent désormais à dégager les mêmes niveaux de chiffre d’affaires que depuis 2009, mais avec beaucoup moins de personnel qu’auparavant.

Le basculement vers le « sans contact »

À l’origine de cette situation ? Le basculement du secteur bancaire américain vers ce qu’il convient d’appeler le « sans contact ». En effet, les banques optent de plus en plus pour l’automatisation de leurs procédés internes grâce au numérique et surtout à l’intelligence artificielle (IA).

Cette technologique qui semble prête à tout balayer sur son passage, permet désormais d’analyser les données client (transactions, profil, comportements…) afin de personnaliser les offres en conséquence.

La gestion des requêtes est par ailleurs soumise aux chatbots et autres assistants virtuels aux compétences techniques chaque jour plus affinées. De quoi réduire la nécessité pour les clients de se déplacer en agence.

La fin des banquiers ?

« Le crédo officieux de l’industrie est (désormais, NDLR) ‘moins de banquiers, plus de robots‘ », constate Mike Mayo, toujours dans les colonnes de Fortune, alors que la tendance devrait, selon toute vraisemblance, s’accélérer.

Le groupe financier américain Citigroup estime ainsi à 54%, la proportion d’emplois bancaires susceptibles d’être remplacés par l’intelligence artificielle, sans plus de détails sur l’échéance. Cela ferait du secteur, le plus vulnérable à cette révolution technologique.

Pour la prochaine génération de banquiers, l’avenir s’annonce incertain. Non seulement il sera de plus en plus difficile de trouver un emploi dans le secteur, mais ceux qui y parviendront pourraient bien voir leurs salaires stagner, voire diminuer.

À preuve, les banquiers commerciaux ont connu entre 2018 et 2022, une baisse de leurs augmentations salariales, culminant avec une réduction moyenne de 2,4% en 2022, à en croire le Bureau américain du travail.