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Le secteur du tourisme ne va pas aimer ces chiffres

Photo de Shlomo Shalev sur Unsplash

Selon une étude publiée mardi dans « Nature Communications », les émissions de gaz à effet de serre liées au tourisme représentent près de 9 % des émissions mondiales. Elles ont augmenté de 3,5% par an entre 2009 et 2019, soit deux fois plus que le total (+1,5%). Ces chiffres sont problématiques pour un secteur déjà très critiqué par les ONG environnementales.

D’après une étude publiée le 10 décembre dans la revue Nature Communications, les émissions de gaz à effet de serre provenant du tourisme ont représenté 8,8 % des émissions mondiales en 2019 et ont augmenté de 3,5 % par an entre 2009 et 2019. C’est deux fois plus que le total mondial (+1,5 %).

Une étude de chercheurs australiens et suédois

En tout, l’empreinte carbone mondiale du tourisme est passée de 3,7 gigatonnes (Gt) à 5,2 Gt entre 2009 et 2019. Ce qui équivaut aux émissions annuelles produites par l’ensemble de l’Amérique latine et des Caraïbes, estiment les auteurs du rapport, des chercheurs des universités Linnaeus (Suède), du Queensland, de Griffith et de Sydney (Australie). Cette étude repose sur le suivi des voyages internationaux et domestiques dans 175 pays.

Les émissions les plus importantes du tourisme ont été enregistrées dans le secteur de l’aviation

Sans surprise, les émissions les plus importantes ont été enregistrées dans le secteur de l’aviation. Celui-ci représentait 52 % des émissions directes du tourisme en 2019 (qui s’élevaient à 1,8 Gt), devançant le transport routier (18%). Les émissions indirectes de cette activité ont atteint 2,5 Gt, provenant pour l’essentiel des services (34%) et de la production pétrolière (14%). Pour le reste, il s’agit des émissions issues des véhicules privés (0,9 Gt).

Les États-Unis, la Chine et l’Inde en tête des émissions

Au niveau des pays, les États-Unis représentaient à eux seuls 19 % de l’empreinte totale du tourisme mondial en 2019, suivis de la Chine (15 %) et de l’Inde (6 %). Cela ne surprend guère car ce sont les pays industrialisés les plus peuplés du monde. Ils sont responsables de 60 % de l’augmentation totale des émissions au cours de la période étudiée. Cette hausse s’expliquerait par une croissance rapide de la demande dans le tourisme.

Le nombre de voyageurs et de voyages a fortement augmenté

Selon le rapport, le nombre de voyageurs et de voyages a fortement augmenté ces dernières années, malgré l’épisode du Covid-19. Ainsi, les dépenses liées au tourisme ont atteint en moyenne 672 dollars (638 euros) par voyageur en 2019, contre 536 dollars en 2009. Ce chiffre englobe les frais d’hôtellerie, de restauration et de transports lors d’un voyage. Entre-temps, la population mondiale est passée de 6,9 à 7,8 milliards d’habitants sur cette décennie.

Les émissions du tourisme pourraient augmenter de 3 à 4 % dans les prochaines années

Pour ce qui concerne les revenus du tourisme, ils ont quasiment doublé en une décennie, passant de 3.500 milliards de dollars à 6.000 milliards. Ce qui représente un taux de croissance annuel de 5,5 %. Le Dr Ya-Yen Sun, professeure associée à l’université du Queensland, avertit que les émissions du tourisme pourraient augmenter de 3 à 4 % dans les prochaines années, sans intervention urgente. « Cela n’est pas conforme à l’Accord de Paris qui exige que le secteur réduise ses émissions de plus de 10 % par an », note-t-elle.

Des recommandations pour réduire l’empreinte carbone du tourisme

Si le transport aérien s’attend à un nombre record de passagers et à une rentabilité en forte hausse l’année prochaine, les auteurs de l’étude appellent à prendre des mesures urgentes pour inverser cette courbe. Ils suggèrent notamment d’imposer des taxes sur le dioxyde de carbone et de mettre en place des obligations en matière de carburants alternatifs. Les chercheurs proposent même une réduction des vols long-courriers pour obtenir des résultats tangibles. Ils rejoignent en quelque sorte le mouvement Fridays For Future qui réclame la taxation des grands voyageurs aériens pour favoriser le financement du ferroviaire, moins polluant.