Une agence africaine de notation du crédit attendue en 2025
Une agence africaine de notation du crédit centrée sur l’Afrique devrait être lancée en 2025. Prévue depuis huit ans, cette structure fournira des évaluations du crédit adaptées et tenant compte des réalités du continent. Mais certains experts financiers et dirigeants africains pensent qu’ elle n’a pas de raison d’être, compte tenu de l’existence de trois agences panafricaines indépendantes.
Une nouvelle agence africaine de notation du crédit devrait voir le jour en 2025. Elle est censée fournir des évaluations du crédit adaptées et tenant compte des réalités du continent. Les pays africains attendent d’elle qu’elle propose des notations de crédit sur mesure, espérant ainsi remédier aux coûts d’emprunt élevés liés aux biais des agences internationales.
Cette agence africaine de notation du crédit annoncée il y a huit ans
L’idée d’une agence africaine de notation du crédit a été formellement émise pour la première fois en 2017. Cette proposition a été faite à la suite d’une série de plaintes déposées par des gouvernements africains concernant le comportement des trois grandes agences de notation internationales, que sont Moody’s, Fitch et S&P .
Les préjugés des agences internationales causent de gros préjudices aux pays africains
Les États africains ont dénoncé la subjectivité et la partialité dans les notations du crédit africaines de ces institutions. Ces biais leur coûtent jusqu’à 24 milliards de dollars en intérêts et plus de 46 milliards de dollars en renoncement à des prêts par an. Ils pensent qu’une agence créée par l’Afrique et pour l’Afrique pourrait contribuer à résoudre ce problème en délivrant des notes qui reflètent le paysage économique réel du continent.
L’agence africaine de notation du crédit répondra aux besoins spécifiques des emprunteurs souverains africains.
Selon Albert Muchanga, commissaire de l’Union africaine (UA) chargé du développement, du commerce, du tourisme, de l’industrie et des minéraux, cette nouvelle agence de notation améliorera les conditions financières pour les pays du continent, en répondant aux besoins spécifiques des emprunteurs souverains africains. Il précise que cette entité sera indépendante, quoi que créée par l’UA qui chapeaute ce projet en partenariat avec la BAD (Banque Africaine de Développement).
Le MAEP chargé de concrétiser le projet
Lors d’un sommet de l’Union Africaine à Addis-Abeba (Ethiopie) en 2019, les clefs d’Etat ont mandaté le Mécanisme africain d’évaluation par les pairs (MAEP), une entité de gouvernance spécialisée de l’UA, pour apporter son assistance aux États membres dans la création de cette agence de notation du crédit. Après avoir mené une étude de faisabilité en 2020, l’organisme a annoncé le lancement de cette structure d’ici la fin de l’année 2025.
Une agence africaine de notation du crédit ne suffira pas à elle seule à résoudre le problème
D’après les analystes, la création d’une agence africaine de notation du crédit peut contribuer à lutter contre les préjugés des prêteurs, mais ne suffira pas pour réduire les coûts d’emprunt. Considérant que la demande de notations de la part d’autres agences existantes se maintiendra probablement, ils recommandent de mettre en place certaines actions.
L’agence africaine de notation du crédit doit s’appuyer sur l’expérience des autres
Selon les experts, l’agence africaine doit notamment travailler à être là plus indépendante, la plus robuste et la plus rigoureuse possible en matière de méthodologie. Ensuite, elle doit apprendre en s’appuyant sur l’expérience des pays et des régions qui ont développé leurs propres agences. Comme la Chine, qui compte 52 agences de notation nationales, dont quelques-unes notent même les pays africains. Mais certains acteurs financiers jugent la création même d’une agence africaine de notation du crédit inutile, voire populiste.
Trois agences de notation panafricaines existent déjà
Stanislas Zézé, président de l’agence de notation Bloomfield Investment Corporation basée à Abidjan (Côte d’Ivoire ) a rappelé dans un entretien au Financial Afrik en juin 20 que l’Afrique possède déjà trois agences privées de notation de crédit. Global Crédit Ratings (GCR) créée en 1992 en Afrique du Sud, Augusto fondée en 1999 au Nigeria et Bloomfield Investment Corporation agréée en 2007 en Côte d’Ivoire et dans la zone de l’Union économique et monétaire ouest africaine (UEMOA). Il trouve assez surprenant que l’UA et la BAD ignorent ces structures.
Il faut plutôt penser à renforcer leurs capacités
Stanislas Zézé demande aux leaders politiques et institutionnels africains de plutôt penser à renforcer les capacités des agences de notation financière panafricaines existantes. Il leur propose de créer un statut spécial qui institutionnaliserait l’indépendance de ces entités, et de leur délivrer un agrément unique africain pour qu’elles aient un accès systématique à tous les marchés de capitaux africains. Par ailleurs, le dirigeant conseille de mettre en place un marché unique africain avec une monnaie unique de sorte à obtenir une indépendance africaine en matière de financement des économies.