Réforme des retraites : François Bayrou et la tentation référendaire

François Bayrou a déclaré jeudi qu’il pourrait recourir à un référendum en cas de blocage des négociations sur la réforme des retraites, qui devraient se tenir jusqu’au 28 mai. Pour les oppositions, le premier ministre essaie simplement de gagner du temps en passant outre les étapes réglementaires. Elles affirment d’ailleurs qu’il ne s’agit pas seulement de consulter les Français, mais aussi et surtout d’appliquer leurs volontés.
Après le recours au 49.3 pour faire passer les budgets, François Bayrou envisage maintenant d’organiser un référendum pour éviter les entraves à l’adoption de la réforme des retraites. En effet, le premier ministre a annoncé jeudi, au cours d’une interview accordée au Figaro, qu’il pourrait consulter le peuple français en cas de blocage des discussions sur la réforme des retraites.
Un nouveau conclave pour sortir de l’impasse sur les retraites
Les négociations sur les retraites se sont rouvertes le jeudi 27 février avec les partenaires sociaux ( organisations syndicales et patronat). Elles doivent tenir sur 14 séances, jusqu’au 28 mai prochain. Les différentes parties devront tenter de sortir de l’impasse dans laquelle se trouve le texte depuis plusieurs mois. Au programme du conclave : âge de départ à la retraite, emploi des séniors, carrières longues et pénibilité.
Force ouvrière a déjà claqué la porte des discussions
Mais les négociations ont mal débuté avec le choix du syndicat Force ouvrière de quitter la table dès la première séance. Les débats s’annoncent donc houleux avec le gouvernement, que les syndicats accusent de vouloir imposer ses règles. Sentant sûrement un nouveau blocage, François Bayrou a ainsi émis l’hypothèse d’une consultation des Français.
« Une nouvelle annonce pour gagner du temps » pour LFI
« J’ai toujours dit que lorsque des questions sont bloquées, lorsqu’il n’y a pas de résolution possible, le référendum est une issue », a déclaré le chef du gouvernement. L’opposition a immédiatement répliqué, les Insoumis en tête, comme d’habitude. Le président de la commission des finances à l’Assemblée nationale, Éric Coquerel, voit dans l’hypothèse d’un référendum « une nouvelle annonce pour gagner du temps ». Il ne veut pas donner « plus d’importance que ça » à ces propos.
Sur quoi au juste portera un référendum sur les retraites ?
Pour sa part, Éric Ciotti, chef de l’UDR, dit « pourquoi pas » un référendum sur les retraites. Ce ne serait pas une mauvaise idée. Mais il se demande bien « la question qui pourrait être posée». Sera-t-elle sur une augmentation des cotisations, sur un âge de départ à la retraite à 64 ans ou sur la baisse des pensions des retraites ? Il pourrait y avoir plusieurs questions, comme le suggère le ministre délégué de l’Intérieur, François-Noël Buffet, car les enjeux de ce texte sont multiples.
Aucune garantie que François Bayrou prendra en compte le résultat du référendum sur les retraites
Certains estiment qu’il est louable de consulter les Français sur les questions qui les concernent, mais qu’il serait mieux d’appliquer leur volonté. En effet, les autorités françaises ont déjà organisé des référendums et des conventions citoyennes, dont les mesures n’ont jamais été mises en place. C’est le cas de la convention citoyenne sur le climat. Les principales propositions de cette initiative n’ont jamais été véritablement reprises par l’exécutif. Alors qu’est ce qui garantit que François Bayrou prendra en compte le résultat du référendum sur les retraites ?