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Michel Barnier a-t-il le doigt dans la bouche de Marine Le Pen ?

Parlement européen de l'UE, CC BY 2.0, via Wikimedia Commons

Premier couac dans le nouveau gouvernement. Mardi, Michel Barnier a recadré son ministre de l’Économie Antoine Armand, après que ce dernier a refusé de recevoir Marine Le Pen pour les discussions sur le budget, sous le prétexte que le RN ne fait pas partie de l’arc républicain. L’opposition et le camp présidentiel dénoncent une attitude honteuse de la part du locataire de Matignon.

Le Premier ministre Michel Barnier a recadré mardi son ministre de l’Économie pour avoir voulu écarter le Rassemblement national (RN) des discussions sur le budget. Arnaud Armand aurait refusé de recevoir Marine Le Pen à Bercy. Sur France Inter, il a expliqué que le parti d’extrême droite n’appartient pas « à l’arc républicain », vainqueur des législatives anticipées, donc qu’il était inutile de demander son avis.

Michel Barnier sommé par Marine Le Pen de s’expliquer

Cette attitude a fâché Marine Le Pen, qui veut « peser » sur le gouvernement Barnier, fort de ses 142 députés. S’adressant directement au chef du gouvernement, la patronne du RN lui a ordonné de rendre des comptes « à l’ensemble de ses ministres » et de dire clairement « quelle est la philosophie de son gouvernement, car il semblerait que certains n’aient pas encore totalement compris ».

Son allié Eric Ciotti, président de la branche dissidente des Républicains, a lui déclaré qu’il attend de « Michel Barnier qu’il désavoue publiquement M. Armand ». Message reçu cinq sur cinq. Le Premier ministre a appelé son ministre de l’Économie pour lui faire des remontrances. Il lui a rappelé les « règles » du jeu, « à savoir le respect des électeurs et le respect des responsables politiques représentés à l’Assemblée nationale et au Sénat ».

Marine Le Pen fixe « les règles » et « joue les arbitres », d’après Hollande

Michel Barnier aurait également appelé Marine Le Pen pour s’excuser. Pour François Hollande, cette attitude est le signe que le « gouvernement de monsieur Barnier dépend de Marine Le Pen ». Ce serait la patronne du RN qui fixe « les règles » et « joue les arbitres ». L’ancien Président de la République estime aussi que le ministre Armand « a raison de rappeler qu’il y a un arc républicain », dont ne fait pas partie le Rassemblement national. Cet arc se compose du Nouveau Front Populaire (la coalition de gauche), d’Ensemble (camp présidentiel) et de la droite classique (LR).

Le député socialiste de Corrèze pense toutefois qu’un « ministre, tout comme n’importe quel représentant de l’État, doit discuter avec le Parlement et donc avec les députés ». Mais il ne tolère pas l’attitude de M. Barnier qui fait tout pour protéger son budget. « Il sait très bien que du jour où Madame Le Pen décide de voter une motion de censure, ç’en est fini de son gouvernement », a ajouté l’ancien chef de l’État.

Alexis Corbière reproche à Michel Barnier de n’avoir aucune dignité

Le coordinateur de La France insoumise (LFI) Manuel Bompard a aussi attaqué le Premier ministre. Il pense qu’« il faut vraiment n’avoir aucune dignité pour accepter de se faire recadrer par l’extrême droite sans réagir ». De son côté, le député Alexis Corbière, exclu de LFI, croit que « le gouvernement Barnier est sous perfusion du Rassemblement national ». Selon lui, Marine Le Pen le fera tomber sitôt qu’il sortira des clous lepénistes.

Emmanuel Macron ne « finira pas son mandat »

L’élu de Seine-Saint-Denis assure même que « la crise va continuer de s’exacerber » et que Emmanuel Macron ne « finira pas son mandat ». Il prédit une nouvelle dissolution de l’Assemblée nationale, et l’organisation d’une nouvelle élection présidentielle dans la foulée. Alexis Corbière ne va pas plaindre le sort du chef de l’Etat. L’ancien Insoumis rappelle qu’il a refusé de respecter le choix des urnes, en rejetant la candidature à Matignon de Lucie Castets.