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Climat : il faut réformer l’architecture financière mondiale

Photo de NOAA sur Unsplash

Dans une tribune, les premières ministres du Danemark, Mette Frederiksen, et de la Barbade, Mia Mottley, appellent à sauver le climat en réformant l’architecture financière mondiale. Elles pensent que cela permettra d’obtenir des résultats plus tangibles dans l’adaptation face au changement climatique.

La COP29 doit se tenir à Bakou (Azerbaïdjan) du 11 au 22 novembre. Elle se focalisera sur la recherche de solutions et moyens pour accélérer l’action climatique et veiller au respect des engagements pris dans le cadre de l’Accord de Paris. A l’approche de ce sommet, les premières ministres du Danemark, Mette Frederiksen, et de la Barbade, Mia Mottley, publient une tribune dans laquelle elles appellent à réformer l’architecture financière mondiale.

Les plus durement touchés par le changement climatique sont ceux qui y ont le moins contribué

Dans cette lettre, les deux dirigeantes font le constat que le monde subit de plus en plus les effets dévastateurs du changement climatique, avec les sécheresses, inondations et chaleurs étouffantes. Ces phénomènes « font des victimes, sapent les acquis socioéconomiques durement acquis et mettent en péril l’avenir des pays », déplorent Mette Frederiksen et Mia Mottley. « Pire encore, ceux qui ont le moins contribué à la crise climatique sont les plus durement touchés », précisent-elles.

Besoin d’environ 2 400 milliards de dollars chaque année pour le climat

Ces pays les plus touchés sont ceux du sud et les territoires insulaires. Face à des dangers climatiques croissants, ils doivent renforcer leurs ambitions écologiques afin de limiter le réchauffement et bâtir leur résilience. Pour les y aider, les deux ministres recommandent de mobiliser des financements privés à grande échelle. Il faut d’autant trouver de l’argent que les marchés émergents et les économies en voie de développement (EMDE), à l’exclusion de la Chine, auront besoin d’environ 2 400 milliards de dollars chaque année d’ici à 2030 pour relever les défis climatiques.

De faibles financements actuellement alloués au climat

Mette Frederiksen et Mia Mottley croient que ces investissements pourraient favoriser une croissance positive pour le climat, créer des emplois décents et aider les Etats concernés à gérer les effets du changement climatique. Malheureusement, les financements alloués à ces pays ne sont pas encore à la mesure des besoins et des défis qu’ils rencontrent du fait du changement climatique. Toutefois, soulignent les ministres danoise et barbadienne, ces pays recèlent certaines des meilleures opportunités d’investissement liées au climat.

Il faut promouvoir le financement mixte

Mette Frederiksen et Mia Mottley pensent qu’il faut accroître considérablement la disponibilité et l’accès aux outils qui ont fait leurs preuves, pour que ces marchés émergents et ces économies en développement puissent disposer de financements suffisants. Elles proposent notamment d’élargir l’utilisation de fonds publics pour réduire les risques liés aux investissements privés. C’est ce qu’on appelle le financement mixte. Ce serait une solution éprouvée.

Privilégier le développement d’investissements verts

Dans leur tribune, les dirigeantes calcule que chaque dollar public dépensé de cette manière peut mobiliser environ 5 dollars de capitaux commerciaux pour des investissements climatiques. Pour accompagner ces opérations, elles appellent l’architecture financière internationale pour le développement à entreprendre trois changements clés. Elles suggèrent d’abord aux institutions de financement du développement (IFD) de financer la constitution d’un vaste portefeuille d’investissements verts et de projets d’adaptation au changement climatique.

Miser sur les garanties de prêts et d’assurances

Ensuite, Mme Frederiksen et Mottley propose d’intensifier l’utilisation d’instruments éprouvés de réduction des risques. Comme les garanties de prêts et d’assurances qui permettent de remédier aux risques appréhendés par les pays et aux obstacles liés à la bancabilité des projets. En outre, elles invitent les IFD à mobiliser des sources de capitaux externes et internes, comme les fonds de pension des pays en développement.

Le Danemark et la Barbade ont déjà lancé des initiatives pour le climat

Ces propositions sont inscrites dans l’Initiative de Bridgetown, qui présente des moyens de financer l’action climatique et les Objectifs de développement durable des Nations Unies. Lancée par la Barbade en 2022, elle est soutenue depuis sa création par un nombre croissant de partenaires des secteurs public, privé et tertiaire. Il y aussi l’Investment Mobilization Collaboration Arrangement, une alliance conduite par le Danemark, qui vise à canaliser des milliards de dollars de nouveaux financements climatiques vers l’atténuation et l’adaptation d’ici 2026.