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La réforme des retraites, une patate chaude entre les mains de François Bayrou

Le Premier ministre François Bayrou a consenti mardi, lors de sa déclaration de politique générale, à revisiter la réforme des retraites, un sujet au cœur des débats sociaux en France depuis quelques années. Il n’est pas pour autant sauver car la gauche (PS et Insoumis), les écologistes et les communistes menacent de voter une censure ce jeudi car non satisfaits entièrement de ses annonces.

Le mardi 14 janvier 2025, François Bayrou a prononcé sa déclaration de politique générale devant l’Assemblée nationale. Le Premier ministre était particulièrement attendu sur la question des retraites. Et il a été plutôt prudent à ce sujet. Cherchant à éviter la censure de la gauche, il a consenti à revisiter la réforme des retraites, ce texte très critiqué depuis son adoption en 2023 à coups de 49.3 par Elisabeth Borne.

François Bayrou supplie de ne pas toucher à l’équilibre financier

Mardi, François Bayrou a rejeté toute abrogation et suspension. Il préfère remettre le texte en chantier via un conclave de trois mois. L’actuel locataire de Matignon souhaite des discutions « sans aucun totem » ni « tabou » sur des points chauds comme l’âge de départ à la retraite et la durée de cotisation. Il impose toutefois une limite : ne pas dégrader l’équilibre financier, au moment où le déficit public se creuse. Autrement dit, les contestataires doivent trouver d’autres pistes de financement. Aussi, prévient,-il : en cas de non accord, la version actuelle de la réforme des retraites sera appliquée.

Syndicats et patronat se réunissent ce vendredi

Une réunion des partenaires sociaux (syndicats et organisations patronales) doit se tenir « dès ce vendredi » au sein d’une « délégation permanente ». Ce groupe consultatif retravaillera sur les règles de départ à la retraite. Si François Bayrou a voulu coûte que coûte contenter la gauche – au contraire de son prédécesseur Michel Barnier qui se pliait en quatre pour le RN – il n’a pas obtenu le résultat escompté.

« Le compte n’y est pas » pour Boris Vallaud

Pour le chef de file des députés socialistes, Boris Vallaud, « le compte n’y est pas ». « Où sont vos engagements ? Où sont vos compromis ? », a-t-il lancé à l’endroit du Premier ministre, resté vague sur ses intentions budgétaires. L’élu n’a pas dit cependant s’il votera la censure ce jeudi après midi.

Olivier Faure, un peu satisfait, agite la censure contre François Bayrou

Pour le patron du Parti socialiste, en revanche, « c’est un acquis ». Plusieurs points ont été satisfaits, une bonne partie en tout cas. Olivier Faure a toutefois demandé au Premier ministre de dire si le Parlement pourra se saisir de la question des retraites sur la base des propositions qui seront faites par les partenaires sociaux. Il prévient que son parti votera une censure s’il n’a pas de réponse claire avant la séance parlementaire. Comme cela été fait avec le précédent gouvernement de Michel Barnier, qui n’a duré que trois mois.

Le camp de Marine Le Pen refuse la censure

Le RN, lui, se refuse à la censure automatique du gouvernement. Selon le parti d’extrême droite, la censure n’est pas un torchon rouge à agiter à tout va. La formation de Marine Le Pen s’est néanmoins montrée très critique à l’égard du discours de François Bayrou. Elle estime que le budget sera « le moment de vérité ».

François Bayrou, près de devenir le Premier ministre de France le plus éphémère

De son côté, LFI accuse le PS de fissurer le mur du Nouveau Front populaire en négociant avec le gouvernement. Son chef de file Jean-Luc Mélenchon croit cependant que l’alliance de gauche a été « sauvée » grâce à la motion de censure adoptée mardi par une soixantaine de députés Insoumis, socialistes, écologistes et communistes. François Bayrou, lui, dit qu’il sait déjà toutes les conséquences d’une censure. Comme un condamné devant la guillotine, il attend son heure, en espérant un ultime retournement de situation, qu lui éviterait de devenir le Premier ministre le plus éphémère de France.