Tabagisme : les raisons d’une baisse historique
Le nombre de fumeurs a reculé de 1,6 million en France au cours des deux dernières années selon le baromètre 2018 du Comité national contre le tabagisme (CNCT). Une baisse historique qui s’explique par de nouvelles approches des politiques de santé publique et par l’arrivée sur le marché de nouvelles alternatives pour accompagner et faciliter le sevrage des fumeurs.
Le tabagisme n’est donc plus une fatalité en France. Après des années de retard en la matière, la décrue a enfin commencé dans l’hexagone. Il était temps. Avec 32 % de la population majeure fumant (dont 25,4 % de manière quotidienne), la France est un des mauvais élèves européens en matière de lutte contre le tabagisme.
Mais depuis deux ans, les choses changent. Vite. François Bourdillon, le directeur général de Santé publique France, se réjouit d’un « grand succès » face au tabac. «L’ampleur de la baisse sur deux ans, de l’ordre de 12 %, est sans précédent: elle traduit non seulement un arrêt du tabac chez des fumeurs mais aussi une réduction du nombre de jeunes qui entrent dans le tabagisme».
Car, au-delà des chiffres globaux, les indicateurs, pris dans le détail, sont extrêmement positifs. Entre 2017 et 2019, 2,5 % de fumeurs quotidiens en moins. Le nombre de cigarettes fumées par jour a également baissé. Et les jeunes se détournent enfin de la cigarette. De quoi faire espérer François Bourdillon, qui estime que «l’objectif de la première génération sans tabac en 2032, c’est-à-dire moins de 5 % de fumeurs chez les jeunes majeurs nés en 2014, est accessible ».
Comment en est-on arrivé là ? Plusieurs facteurs expliquent cette décrue historique. Les hausses massives du prix du paquet de cigarette (qui doit atteindre 10 euros en 2020), qui ont seulement commencé à être mises en place ces derniers mois n’ont pu, tout au mieux, que jouer un rôle marginal dans la baisse de la consommation de cigarettes. Il semble que c’est beaucoup plus dans l’accompagnement des fumeurs et dans l’assistance au décrochage que la donne ait changé depuis plusieurs années.
Symbole de cette nouvelle orientation des politiques de santé publique, le succès de l’opération « mois sans tabac » a démontré la volonté des Français de s’engager dans une démarche positive et constructive pour en finir avec la cigarette. Loin du tout punitif et de la politique de la peur, cette approche visant à fixer des objectifs raisonnables, sans culpabilisation, a réuni plus de 250 000 participants lors de sa dernière édition en novembre 2018.
En parallèle à ces initiatives, des alternatives de plus en plus nombreuses ont vu le jour ces dernières années pour proposer des solutions de sevrage individualisées aux fumeurs. Non seulement les gommes et patchs à la nicotine sont désormais remboursés à hauteur de 65 % par l’Assurance maladie, mais de nouveaux substituts se font une place de plus en plus importante en France. C’est notamment le cas de la cigarette électronique.
Selon le baromètre 2018 du CNCT, la cigarette électronique est désormais le « premier outil d’aide au sevrage », et 3,8 % des Français vapotaient tous les jours en 2018. Un chiffre en forte hausse par rapport à l’année précédente et aux 2,7 % de vapoteurs quotidiens de 2017. La moitié des utilisateurs de cigarettes électroniques sont d’anciens fumeurs ayant réussi à décrocher.